Maintenant qu’on a vu les principaux signes des trois stades de la chaleur, il faut savoir quoi faire de ces signes et s’assurer d’en détecter le plus grand nombre possible (Voir article La détection des chaleurs).

Outils favorisant la détection des chaleurs
Outils favorisant la détection des chaleurs

Vu l’augmentation du nombre de vaches par ferme (voir figure 1), la rareté de la main-d’œuvre et les tâches de plus en plus spécialisées chez les producteurs, le premier outil et le plus indispensable est sans contre dit le calepin de note. Tous les employés qui sont en contact avec les animaux devraient être tenus de rapporter tous les signes observés chez les animaux et une personne devrait être responsable de colliger ces renseignements afin de les utiliser pour déterminer le moment de l’insémination o u de faciliter la détection de la pro chaîne chaleur ou tout simplement de la rapporter au vétérinaire praticien qui aura une bien meilleure idée du suivi à apporter aux animaux pour lesquels il aura l’information.

L’efficacité de la détection des signes de chaleur dépend de la fréquence des observations : rien ne peut se substituer à cela. 

En dehors du travail quotidien dans l’étable, il est donc essentiel de programmer au moins deux périodes d’observation intensive par jour, l’une aussitôt que possible le matin et l’autre le plus tard possible le soir, et ce, à un moment où les animaux sont calmes et où l’observateur n’est pas affecté à d’autres tâches. 

Pour les vaches qui ont des chaleurs courtes (moins de sept heures), trois ou quatre périodes d’observation par jour sont nécessaires pour observer la monte qui ne dure que quelques secondes ou les signes secondaires qui, eux aussi, peuvent être facilement manqués.

Figure 1 : Source : Lucy, M.C., J. Dairy Sci., 2001, pp. 1277-1293

Il est clair, de plus, qu’une bonne détection des chaleurs est la clef de l’efficacité de la reproduction et qu’il faut identifier le plus de chaleurs successives possible afin de connaître les vrais signes individuels et faire ainsi une évaluation permettant d’augmenter l’efficacité de la détection.

Aides à la détection de l’œstrus 

Certaines méthodes ou certains détecteurs de monte ont été développés pour repérer les chaleurs, mais ils ne doivent en aucun cas remplacer les périodes d’observation recommandées ; ce ne sont que des aides qui doivent être utilisées conjointement, au besoin, avec la détection visuelle. 
Les outils de détection de chaleur ont aidé la recherche sur la reproduction, Selon une étude:

_  la vache est montée en moyenne 8,5 fois par chaleur (+/- 6,6 fois), 
_ près de 25 % des vaches o nt des chaleurs de courte durée (< 7 heures) (DRANSFÌELD, M.B. et al J. Dairy Sci., p. 1874-1882. 1998).

Une étude originale a démontré l’importance de la surface de plancher sur l’expression des chaleurs :

_ la durée des chaleurs et l’activité de monte étaient plus grandes sur terre battue que sur le béton, 
_ l’activité de monte était 15 fois plus importante sur terre battue que sur le béton. (BRITT, J. H. et al J. Dairy S ci. p. 2195-2002. 1986.)

La saison et le climat


La saison a certainement un effet sur la fertilité.

Il a été démontré que le stress causé par des températures élevées entraîne un impact significatif sur la performance reproductive, c’est-à-dire, l’augmentation des mortalités embryonnaires, la diminution de la durée des chaleurs, la réduction du nombre de chevauchements et la réduction du taux de conception.

Figure 2 : Source : Lucy, M.C., J. Dairy Sci., 2001, pp. 1277-1293

Registre du troupeau et calendrier de reproduction 

Le calendrier de reproduction est probablement l’outil d’aide à la détection le plus sous-utilisé, mais pourtant il est simple d’utilisation et très efficace :

_ permet d’inscrire les observations faites lors de la tournée de surveillance, 
_ permet de découvrir le cycle de l’animal, 
_ permet de détecter les anomalies (cycle irrégulier, infections, absences de cycle, chaleur silencieuse), 
_ permet de prendre des décisions éclairées à la lumière des observations qui auront été écrites, soit de procéder à l’insémination, soit de consulter un vétérinaire, soit d’attendre une belle chaleur.

Palpation des organes génitaux

Un examen de routine par le vétérinaire 35-40 jours après le vêlage permet de reconnaître certains cas problèmes, de savoir s’il y a eu œstrus ou de prévoir approximativement la prochaine chaleur ou encore de recommander au besoin l’usage de la prostaglandine.

Détecteurs de monte

Détecteurs de monte « Kamar » et « Oestruflash » 

Ces instruments laissent des traces d’encre rouge à la suite d’une pression soutenue de plusieurs secondes. 

Leurs performances sont bonnes chez les vaches dont les chaleurs sont normales, mais cela amène parfois un problème de faux-positifs. Il faut alors retirer la vache en chaleur (ou que l’on croit en chaleur) du troupeau, ce qui n’aide pas à activer sexuellement les autres vaches. Le coût des « Kamars » est d’environ 86 $ la boîte de 50.

Animaux détecteurs (avec détecteurs de monte) 

 Les animaux utilisés sont une taure ou une vache androgénie ou un taureau avec déviation du pénis. Il faut un animal par 30 vaches. Le taux de détection se situerait entre 70 et 90 % avec une période d’observation par jour. Le taureau est plus risqué. Cette technique est peu utilisée.

Marqueurs

Il s’agit d’une technique qui consiste à marquer au crayon, à la craie ou à la peinture le dessus de la queue de la vache à être détectée en chaleur. Lorsque la vache se fait monter, le marqueur est effacé, il est donc possible de voir quelle vache a eu une monte. Cette technique est très économique mais la vache peut devoir être marquée à nouveau tous les jours. Il peut aussi y avoir de faux-positifs.

Dosage de progestérone (lait ou sérum)

En comparant le niveau de progestérone au jour de l’insémination avec celui au jour 22-24 après l’insémination, on peut savoir avec 95 % d’exactitude si l’animal est en chaleur. Le niveau de progestérone est alors bas. Si la vache ne « montre » pas de chaleur, il peut y avoir eu une chaleur silencieuse. 

Il faut se méfier si le taux de progestérone est élevé, car cela ne veut pas nécessairement dire que la vache est gestante; elle est seulement présumée gestante. Le test le plus rapide prend environ 10 minutes.

Systèmes de détection intégrés au système de traite

Plusieurs compagnies d’équipement de traite offrent des options qui servent à faire la détection des chaleurs.

_ Podomètre (bracelet au membre) ou détecteur de mouvement au cou de l’animal Il est clair qu’une vache en chaleur est plus active que normalement. En stabulation libre, l’activité augmenterait de 400 % alors qu’en stabulation entravée, l’augmentation se situerait à 270 %. Le podomètre mesure l’activité de la vache et transmet un signal, L’efficacité du podomètre à détecter les vaches en chaleur se situerait autour de 83 % et sa précision (rapporter les vaches réellement en chaleur) se situerait autour de 85 %.
 
_ Mesure de la conductivité électrique du lait À chacune des traites, le système de traite mesure la conductivité du lait. Une variation dans ce niveau indique une chaleur probable de l’animal en question.
 
_ Quantité de lait, On sait depuis longtemps que la production de lait peut être affectée au moment de la chaleur. Plusieurs systèmes de traite, robotisés ou conventionnels, mesurent à chaque traite les quantités produites, on peut donc facilement en observer les variations.

La combinaison de ces trois systèmes peut aider grandement à la détection des chaleurs pour l’éleveur ainsi équipé. 

On peut donc dire que la clef du succès en détection des chaleurs est l’observation visuelle adéquate et la connaissance des animaux. 

Cependant, il n’est pas réaliste de croire qu’on peut observer toutes les vaches en œstrus (avec monte), mais il faut développer un programme permettant d’en voir le plus possible même s’il faut s’aider de la présence des signes secondaires et des détecteurs de chaleur. 

Généralement, les principaux facteurs qui rendent la détection de la chaleur inefficace sont :

_ Le temps alloué quotidiennement à observer les chaleurs est inadéquat et mal réparti. 

_ La plupart des activités de monte surviennent durant la nuit, 70 % entre 18 h et 6h.
 
_ Les chaleurs sont souvent courtes. Selon certaines études, 65 % des vaches se laissent monter durant 16 heures ou moins; 25 % durant moins de 7 heures.
 
_ Moins une vache chaleur, plus l'activité thermique et le niveau d'externalisation de l'ensemble du troupeau sont faibles. Cela devient un problème surtout dans les plus petits troupeaux. 

_ La monte dure 10 secondes ou moins et les éleveurs combinent trop souvent les périodes d’observation avec d’autres activités. 

_ le problème des chaleurs est  habituellement résumé par des problèmes de pieds et des membres, des planchers glissants, la température très élevée de l’été et le froid de l’hiver ainsi d’autres facteurs environnementaux comme le manque d’exercice qui favorise un ralentissement du métabolisme basal ou intrinsèque des organes génitaux.

dans le but de maximiser l'efficacité de la détection de chaleur, il est nécessaire de développer un programme de détection de chaleur pour limiter les effets négatifs causés par «l'homme» et «l'animal».