À la ferme, les pulvérisateurs sont l'équipement le plus intéressant. C’est lui qui conditionne la réussite d’une campagne de production en permettant de protéger les cultures. Mais pour atteindre un maximum d’efficacité, le pulvérisateur doit être bien entretenu et bien réglé ; cela passe par un contrôle régulier de ses performances.
Le réglage du pulvérisateur

L’intérêt est à la fois économique et environnemental. Un pulvérisateur bien réglé permettra au produit d'atteindre sa cible pour la meilleure application et ainsi d'obtenir la meilleure protection. Cela peut éviter des passages supplémentaires et économiser des intrants, ce qui représente aussi un intérêt dans la protection du milieu naturel.

Choisir un volume de bouillie par hectare:

Ce choix se fait en fonction du matériel utilisé, du type de produit, des performances de chantier désirées, de la cible visée, de la qualité de la pulvérisation recherchée…L’efficacité biologique de la majorité des herbicides ou des fongicides utilisés sur céréales n’est pas modifiée lorsqu’ils sont appliqués dans un volume d’eau de 300, 150 ou 75 L par hectare. Il peut cependant exister quelques exceptions, concernant certaines spécialités commerciales ou certains modes d’action de substances actives.Pour certains produits et certains modes d’action, la masse de végétation doit être prise en compte avant de choisir un volume/ha. Dans ce cas, des rendements plus élevés peuvent conduire à une efficacité plus élevée Dans les cultures pérennes, il faut tenir compte du type de matériau, du produit utilisé et de la quantité de végétation.. aussi en viticulture, les traitements recommander se font:
  • Utiliser une pulvérisation à pression liquide et à jet projeté (Pendillard) de 250 à 700 L/ha.
  • utiliser une pulvérisation à pression liquide et à jet porté à approximativement 250 L/ha.
  • utiliser une pulvérisation pneumatique à approximativement  100 L/ha.

Mesurer la vitesse d’avancement:

il y a deux système pour calculer la vitesse d’avancement :

le Première système :

  • Calculez une distance d'au moins 30 mètre que vous souhaitez traiter, de préférence une ligne droite.
  • enclencher le rapport de vitesse choisi.
  • tourner au régime prise de force préconisé pour la pompe par le constructeur.
  • chronométrer le temps mis pour parcourir la distance avec une cuve remplie de moitié et sans modifier le régime moteur.
    Le réglage du pulvérisateur
Appliquer ensuite la formule suivante:
Vitesse d’avancement du pulvérisateur = (distance/temps) x 3,6
La vitesse d’avancement est exprimée en km/h, la distance en mètres et le temps en secondes. 3,6 est un facteur d’ajustement d’unités.
Il faudra penser à reconduire ce test dès que les conditions changeront.
Exemple: Si le temps pour parcourir 50 m est de 30 s, la vitesse est de 50/30 x 3, 6 = 6 km/h.
On peut aussi utiliser le tableau de correspondance suivant:
Tableau pré calculé des vitesses d’avancement pour une distance de 50 m
25 s 7,2 km/h 37 s 4,8 km/h
27,5 s 6,5 km/h 40 s 4,5 km/h
30 s 6 km/h 45 s 4 km/h
32,5 s 5,5 km/h 60 s 3 km/h
35 s 5,1 km/h


Deuxième système
:

Mesurer la distance pearcourue en 36 secondes, selon la formule suivante:
Vitesse d’avancement du pulvérisateur = distance parcourue en 36 s/10
L’objectif de cette mesure est de pouvoir respecter la vitesse d’avancement conseillée selon le type de matériel et de culture. En effet, une vitesse supérieure à la vitesse indiquée augmentera la charge de travail, mais entraînera des manipulations irrégulières (notamment en cas de dosage insuffisant) et limitera la pénétration du produit dans la masse végétale. Elle peut aussi accroître les effets de dérive à cause des turbulences apparaissant.Les vitesses conseillées sont:
  • 8 km/h ou plus sur céréales.
  • 4 à 6 km/h en arboriculture.
  • 2 à 5 km/h en viticulture.

Calculer le débit nécessaire par buse:

Pour obtenir le volume par hectare choisi.Le débit d’une buse dépend de la pression d’utilisation, du calibre de la buse (section de l’orifice de la buse), de la densité et de la viscosité du liquide pulvérisé. Le type de traitement affectera la pression de service et la nature du mélange. Le choix de la taille dépend du volume à épandre et de la vitesse d'avancement du tracteur et s'effectue selon la formule suivante:
Débit d’une buse = (volume x vitesse x largeur)/(600 x nombre de buses)
Soit :
Débit des buses = (volume x vitesse x espacement entre les buses) / 600
Le volume est exprimé en L / ha, la vitesse est exprimée en km / h et la largeur est exprimée en mètres. Le facteur d'ajustement de 600 est l'unité. Exemple: 200 L / ha est appliqué à une vitesse de 7 km / h et lorsque l'intervalle entre les buses est de 0,5 m de rampe , La vitesse d'écoulement de la buse à fixer doit être: (200 x 7 x 0,5) / 600 = 1,17 L / min.

Sélectionnez la paire buse / pression qui fournit le débit calculé:

Chaque buse est étudiée pour fonctionner dans une plage de pression bien définie:
Buse à turbulence 2-6 bar
Buse de type miroir 1-3 bar
Buse à 3 filets 1-3 bar
Buse basse pression 1-4 bar
Buse à fente 2-4 bar
Buse à injection d’air 3-6 bar

Pour faire une sélection, veuillez vous référer au fabricant de buses ou au tableau de prescription du fabricant du pulvérisateur (la normalisation ISO des buses peut déterminer son débit par taille et couleur, quelle que soit la marque utilisée):

Suite de l’exemple:Deux solutions permettent d’obtenir le débit souhaité de 1,17 L/mn :
  • une buse bleue sous 3 bar.
  • une buse rouge sous 1,6 bar, ce qui sort de la plage de pression d’utilisation précédemment conseillée.
Pour un fonctionnement optimal : en absence de vent, on choisira la buse bleue à petit calibre avec une pression de travail de 3 bar tandis qu’en présence de vent, on optera pour la buse rouge à gros calibre sous 1,6 bar, dans la version basse pression.Tous ces tableaux sont calculés pour un espacement des buses de 0,5 m et une densité de liquide égale à 1 (densité de l’eau). On estime en effet que, compte tenu de la dilution, la bouillie a la densité de l’eau. Si la densité du liquide pulvérisé est différente de 1 (cas d’un engrais liquide), il faut multiplier la pression d’utilisation indiquée dans les tableaux par la densité du liquide utilisé.

Contrôler le débit de pulvérisation :

Mesurer le débit réel et le comparer au débit calculé.Pour les pulvérisateurs à jet projeté, il faut vérifier le débit de 2 ou 3 buses en mesurant la quantité d’eau écoulée pendant un temps défini de pulvérisation, à la pression choisie. S’il n’est pas conforme, il faut ajuster la pression d’utilisation.Pour les pulvérisateurs à jet porté ou pneumatiques, la mesure du débit réel peut être réalisée en suivant ce mode opératoire :
  • remplir la cuve à ras bord d’eau claire
  • utiliser le régime de prise de force préconisé par le constructeur
  • faire débiter l’ensemble des pompes pendant quelques minutes en mesurant la durée correspondante
  • mesurer le volume d’eau nécessaire pour refaire le plein de la cuve
  • le débit de pulvérisation est alors calculé selon la formule :
Débit réel = volume d’eau remis dans la cuve / temps de pompage
Le débit réel est exprimé en L/mn, le volume d’eau en litres et le temps en minutes.Si le débit mesuré ne correspond pas au débit calculé, il faut ajuster le réglage de la pression ou changer de type de buses pour conserver une utilisation avec un optimum de pression. Les résultats pourront être vérifiés par un essai au champ.

Ajuster la pression :

Par approche successive ou à l’aide de la formule suivante :Pression à afficher = pression lue lors du test x (débit souhaité 2 / débit mesuré lors du test 2)La pression est exprimée en bar, et les débits en L/mn.Exemple 1: cas d’un débit statique (pression constante).
  • débit calculé du pulvérisateur pour épandre 200 L/ha à 7 km/h avec une rampe de 12 m :
  • (200 x 7 x 12) / 600 = 28 L/mn
  • buses choisies : calibre rouge sous une pression de 2,8 bar
  • pression affichée au manomètre : 2,8 bar
  • débit réel mesuré : 24 L/mn à un ajustement doit être réalisé
  • nouvelle pression à afficher au manomètre : 2,8 x (282 / 242) = 3,8 bar
Exemple 2 : autres cas.Dans le cas d’un DPA mécanique, pour obtenir la pression souhaitée, il faut faire varier la vitesse d’avancement et éventuellement changer les buses si les limites d’utilisation sont dépassées. De façon générale, on opèrera la correction grâce à la formule suivante :
Nouvelle constante = constante initiale x (débit souhaité / débit mesuré)

Optimiser la pulvérisation et la couverture de la végétation :

Le jet de pulvérisation conditionne la qualité de répartition et la pénétration du produit, c’est-à-dire l’efficacité du traitement et la limitation des risques de dérive du produit.

Cultures de plein champ : régler la hauteur de rampe

Les jets issus des buses de pulvérisation doivent se croiser pour compenser la répartition non uniforme du produit provenant de chaque buse ; le recoupement nécessaire d’au moins 2 jets contigus est conditionné par le choix des buses, leur état et leur positionnement ainsi que la hauteur de la rampe.

Le recoupement des jets de buses.Le réglage de la hauteur de la rampe se fait toujours par rapport au niveau supérieur de la surface à traiter (sol nu ou couvert végétal). Il est préférable de l’effectuer au champ plutôt que dans la cour de l’exploitation afin de prendre en compte le tassement du sol par les pneumatiques. Plus la rampe est près de la cible, moins il y a de risques de dérive ; cependant, la rampe doit être placée suffisamment haut pour qu’il y ait recoupement correct d’au moins 2 jets contigus.Il faut donc réaliser un compromis entre répartition et dérive ; à titre indicatif, les hauteurs de réglage conseillées pour des buses espacées de 50 cm sont :

Angle de pulvérisation Hauteur des buses au-dessus de la cible
80° 70 cm – 1 m
110° 50 – 70 cm


Cultures pérennes : régler les organes de pulvérisation (buses, diffuseurs…)

Afin de limiter les pertes inutiles sur les parties non visées ou dans l’environnement, on soignera l’inclinaison des buses et la hauteur des diffuseurs, ou on coupera les buses les plus hautes ou les plus basses, afin d’adapter le réglage du pulvérisateur au gabarit de la végétation.